Écartez tout ce que vous avez entendu sur les règles universelles de la nutrition infantile. Chaque bébé trace son propre chemin. Pourtant, quand il s’agit de remplir la cuillère, les parents cherchent la voie la plus sûre. À ce moment charnière, chaque choix pèse, parfois plus qu’on ne l’imagine. Voici comment nourrir un nourrisson de façon adaptée, sans céder à la panique ni à l’improvisation.
De 0 à 6 mois : L’allaitement, socle de l’alimentation
Pour les premiers mois, les recommandations sont claires : le lait maternel reste la référence jusqu’à six mois. Si cela n’est pas possible ou pas désiré, il existe des laits infantiles spécifiquement formulés, à utiliser sous avis médical pour garantir la sécurité. Dans cette première période, il n’est pas rare d’avoir un bébé qui réclame à manger toutes les deux à trois heures, jour et nuit. Cette fréquence, même lorsque la nuit s’étire, indique que l’enfant se développe normalement.
Cependant, certaines habitudes doivent être écartées : nourrir un nourrisson alors que l’adulte somnole, l’enfant allongé sur le ventre, démultiplie le risque d’accident. Mieux vaut rester attentif, même en pleine nuit, pour que le repas reste paisible.
Aliments à partir de 6 mois
Autour des six mois, le bébé commence à découvrir plus qu’un seul goût. C’est le moment d’ouvrir la porte à l’alimentation complémentaire. Fruits mûrs, légumes cuits, céréales, protéines animales font peu à peu leur apparition dans son assiette. Le lait maternel doit rester une base, mais il doit désormais être enrichi de nouvelles saveurs et textures pour satisfaire les besoins du nourrisson. Chaque bouchée devient ainsi une petite découverte.
L’introduction des premiers aliments solides se fait progressivement. La texture joue un rôle central : purée de légumes, compote de fruits, tout doit rester onctueux pour que l’enfant puisse avaler sans difficulté. Avec la cuillère, l’apprentissage de la mastication commence par étapes. Observer son bébé s’agiter, porter la main à la bouche ou détourner la tête, permet d’ajuster le rythme du repas. Lorsqu’il repousse la nourriture ou la recrache, inutile d’insister, il a simplement atteint sa satiété. Il est recommandé de respecter ces signaux pour encourager une relation saine avec la nourriture.
À partir de 9 mois
De neuf à onze mois, la cadence des repas se transforme. Trois à quatre repas par jour, accompagnés d’une collation si cela s’impose, deviennent courants. Un estomac de bébé ne tient pas grand-chose ; chaque cuillère compte pour apporter l’énergie et les nutriments nécessaires. C’est aussi l’âge où l’enfant adore toucher, saisir, explorer la nourriture avec ses doigts : un exercice parfois salissant, mais toujours instructif pour l’aider à apprivoiser les textures.
À ce stade, il est recommandé de composer les repas avec une diversité d’aliments, par exemple :
- Céréales et féculents (riz, pommes de terre, pâtes…)
- Légumes variés cuits
- Fruits frais ou cuits
- Œufs ou légumineuses, selon l’âge et les tolérances
- Viandes maigres, poisson, volaille
- Produits laitiers formulés pour bébé
Si un aliment reste boudé, on peut patienter et le reproposer plus tard, parfois en l’associant à une saveur déjà adoptée. L’apprentissage passe par la répétition, sans pression ni attente disproportionnée. Il arrive que le simple mariage d’une purée familière avec un nouvel ingrédient fasse naître l’intérêt. Parfois cela vient sur le tard, et ce n’est pas grave.
Partager un repas avec un bébé, c’est initier un dialogue silencieux où ses réactions guident le rythme. Derrière l’apparente routine, chaque moment passé à table dessine une première esquisse de sa curiosité, de sa personnalité et de son rapport à la découverte.
